Jour 9: Que ferait Dean ?

Écrit le 4 juillet 2011

• Étape du 20 juillet 2011
• Narvik (Norvège) – Tromsø (Norvège)

• 249 kilomètres

Voilà. J’en suis à un blocage temporel. Tout ça c’est de la faute de Narvik. J’en suis persuadé. Ou de Jokkmokk, mais comme je suis de mauvaise foi et que de toute façon c’est moi qui décide, c’est de la faute de Narvik. Que cela soit bien clair entre vous et moi. Du coup syndrôme de la page blanche, je ne vous ai même pas pondu une prévision délirante de ce qu’on aurait pu faire à Narvik. Non. Rien. Le vide. Je ne savais même pas si je devais vous laisser avec l’épisode Jokkmokk en guise de conclusion et vous laisser dans la perplexité la plus totale jusqu’à mon retour. Ont-ils survécu ? Se sont-ils fait enlevé par des êtres venus d’ailleurs à Jokkmokk ? Thor en a-t-il eu marre de tout ce bordel et en fait il leur a fracassé le crâne avec son marteau en les laissant mourir sur le bord de la route près de Jokkmokk ? Oui c’est la deuxième fois que je me fais mourir sur le bord de la route pendant ce séjour. Ça doit être une angoisse. C’est pas grave, j’exploiterai ça dans 100 (un de mes projets littéraire où il y a un mort par chapitre, plus ou moins), j’écrirai l’histoire d’un type qui meurt sur le bord de la routes aux environs de Jokkmokk. Si si.

Comment ça je me suis pas fait kidnappé par Djeezus?

Samedi c’était le jour où tous les gens purs et innocents devaient se faire enlever, non pas par ET, inutile d’appeler Mulder et/ou Scully, mais par Djeezus (dont je n’ai toujours pas le numéro de portable, Dieu, qu’est-ce que tu fous? On peut vraiment pas te faire confiance). Samedi c’était le jour où je courais un semi-marathon. Coïncidence? Je ne crois pas non. Voici le compte-rendu de cette journée de folie.

7h00: Mon réveil s’allume. Entre deux diarrhées d’onomatopées plus ou moins compréhensible Lady Gaga hurle que Jésus est sa vertu et que Judas est le démon auquel elle s’accroche. C’est une journée à thème. Il faudrait penser à appeler Confessions Intimes ou Vis ma Vie pour la suivre.
– Putain, mais pourquoi j’ai pas éteint mon réveil hier soir moi! (oui, je suis grossier quand je me réveille le samedi matin à cause de mon réveil).

7h03: Alors que mon corps tente de se rendormir en s’enroulant dans la couette, mon cerveau réagit enfin:
– Mais c’est parce que tu dois courir un semi-marathon ce matin. (mon cerveau ralentit considérablement le week-end)

7h07: Mon corps se met à bouger et se lève. Je vais prendre ma douche. L’eau coule. Ça sent la conception que se fait Dove de l’odeur que la peau d’un homme doit avoir. C’est la fête. Mon cerveau se rallume encore une fois.
– Mais pourquoi tu prends ta douche? Tu vas courir 21 kilomètres et il va faire 20 degrés à l’ombre. (Cher cerveau, la prochaine fois ne réagit pas s’il est déjà trop tard. Merci. Bisous)

7h32: Je me fais un plat de pâtes au blé complet avec un filet d’huile d’olive.

7h45: Je mange, et me réjouis de ne pas prendre mon petit-déjeuner habituel: Café, jus de fruits, amandes et Activia, un petit déjeuner pour se sentir mieux à l’intérieur et donc pour que ça se voit à l’extérieur. Sauf que voilà, je n’ai pas envie de me faire surprendre par Bambi en train de me purger derrière le tronc d’un châtaigner centenaire en pleine course. Du coup je bouffe mes pâtes.

7h57: Mes intestins se vrillent, c’est le stress des exams. Je cours aux chiottes.

8h03: Je commence à me préparer. Habillement, cardio-fréquencemètre autour de la poitrine en liaison avec ma montre. Je m’enduis les cuisses de lubrifiant Durex pour éviter les irritations dues aux frottements. Il m’en reste c’est cool. What will happen in Jokkmokk will stay in Jokkmokk.

8h17: Deuxième round aux chiottes. Je me dis que c’est mieux que je fasse ça ici plutôt que de choquer irrémédiablement Bambi et ainsi empêcher que Djeezus ne l’enlève pour cause que son âme ne serait plus pure après ça. (Quoi? Bambi n’ira pas au paradis parce que c’est un faon? Non mais c’est quoi ces conneries discriminatoires? Comment ça ma maman m’a menti en me disant que la maman de Bambi était au paradis? Alors à Noël le rôti de biche à la sauce grand veneur c’était…)

8h23: J’enfile mes chaussures, mes lunettes de soleil, mon sac à dos et je pars.

8h45: Je récupère « la plus mauvaise coureuse du monde » avec qui je me suis entraîné, et qui visiblement a elle aussi une peur panique de choquer Bambi. Je la rassure en lui disant que j’ai des Kokett (marque de mouchoirs en papier germanique), et que au pire Bambi sera choqué, mais elle s’en sortira.

9h03: On arrive, y a plein de gens bien athlétiques et très pros.
– Qu’est-ce que je fous là?
« La plus mauvaise coureuse du monde » maigre comme un clou se trouve obèse et moche. Ça me rassure.

9h17: What the fuck am I doing here? Who the hell am I kidding? sera mon tweet pour annoncer que je commence à paniquer grave. Il y a une queue de trois kilomètres aux toilettes. Visiblement tout le monde pense à protéger l’âme sensible de Bambi, comme une sorte de solidarité universelle dont je fais partie et qui du coup fait du bien à mon moral.

9h37: « La plus mauvaise coureuse du monde », Lewinsky et moi même commençons à nous échauffer. Les pros sont sur le retour de l’échauffement et ont l’air vachement sûrs d’eux. Je me sens comme une sous-merde, mais c’est trop tard, autant sauver les apparences et faire comme si de rien n’était.

9h42: On arrive sur un parking d’une entreprise fermée. « La plus mauvaise coureuse du monde » s’engouffre derrière un buisson. Je fais le guet pour vérifier que Bambi ne se pointe pas, et le cas échéant l’intercepter pour sauver son âme. Oui même si c’est contre son gré. Sinon Djeezus il va kidnapper qui aujourd’hui s’il peut pas kidnapper Bambi, hein? Je vous le demande.

9h49: Retour au point de départ. On se met devant la tente des secouristes dès fois qu’on ait un accident dès le départ, autant mettre toutes les chances de survie de son côté.

10h00/Km 0: Top Départ. Vampire des Antsy Pants en musique pour commencer, c’est cool. La vie est belle il fait beau.